Laisse aller… c’est une valse !

« Laisse aller… c’est une valse ! »
Avez-vous vu ce film de Lautner?
Si la réponse est non, alors remédiez à cette terrible lacune.

En fait, c’est Manuel Valls et son raccrochage aux wagons qui, par association d’idées, ont rappelé ce film à ma mémoire.

« Laisse aller… c’est une valse ! », c’est le summum de la trahison et de la putasserie ! Si Shakespeare avait eu l’idée de peindre l’âme humaine dans une grosse farce, il aurait pu écrire un truc similaire mais ce n’était pas son style. Il restait digne même dans la comédie. Par contre, Lautner maîtrisait ce genre avec brio.

Mireille Darc y tient un de ses rôles les plus explosifs. Elle n’a jamais aussi belle et malgré le fait qu’elle se vautre dans de la fourrure animale ce qui a le don de me rendre malade (C’était encore l’époque où la fourrure évoquait le luxe par excellence et tout le monde trouvait ça normal.), elle est renversante de beauté maligne. Quant à Jean Yanne dont le talent de grossier personnage n’est plus à prouver, je n’ai pas de mots ! Le charme opère avec une efficacité redoutable. Il est le cœur d’artichaut dans le corps de la bête et quelle bête ! Ah on aimait encore les poils en ce temps là !

Comme dans la vie ces deux-là étaient à l’opposé l’un de l’autre. Tendance anarchico-je-ramène-ma-gueule pour Jean Yanne et plutôt bien (à) droite dans le système pour Mireille qui d’ailleurs porte le joli prénom de Carla dans le film. Mais peu importe, c’est comme l’âge de Brigitte, on s’en fout ! (Et oui, maintenant on ne dira plus l’âge du capitaine !)

Bref, ce bijou de film met en scène un type, Serge, qui sort de prison après avoir été balancé à la police par sa femme, Carla, qui s’est mise « à la colle » avec un gros bonnet du milieu, tout ça pour un magot (des bijoux me semble-t-il) bien planqué que personne n’a retrouvé. Le commissaire Caillaud (Bernard Blier. Des comme lui, y’en a plus !) file Serge dès sa sortie de prison car il est persuadé qu’il est le seul à savoir où est le magot. Serge a un acolyte, Michel, (Michel Constantin, incontournable), un vrai dur, pas très futfute mais fidèle comme un labrador.
Première mission à la sortie de prison, récupérer Carla et lui faire payer sa trahison c’est à dire la « buter » comme on dit chez Lautner ! Michel est sans état d’âme à ce sujet, parfait exécutant, il s’en chargera, pas de souci !

On est en 1970, tout est bling bling, les ficelles sont énormes, les clichés se chevauchent dans un déluge de caricatures mais ça marche ! Au passage, Rufus y interprète le rôle du professeur d’anglais de Carla, ridicioulous à souhait. C’est ainsi que la France du cocorico se moque de tous les anglais en riant de celui-ci en particulier ! Ceci dit en passant, il aura fallu presque 40 ans pour qu’un président de notre république sache parler un anglais correct tandis que nos élèves n’en sont toujours pas capables.

Mais « Laisse allez… c’est une valse ! » est aussi en quelque sorte une comédie romantique.
Quoi ? Me direz-vous !
Romantique parce qu’en fait, ce gros dur de Serge retombe complètement sous le charme de Carla, même s’il n’est pas dupe tandis que Michel campe sur ses positions et veut la buter absolument.
Le vrai gentil c’est Serge. Tout voleur qu’il est, C’est un tendre qui veut bien se laisser manipuler. Carla, elle, retourne son manteau de fourrure avec la grâce d’une panthère sans en avoir ni la dignité ni l’animalité (comprenez l’humanité). Bien sûr qu’elle aime encore Serge parce que c’est lui qui sait où est planqué le magot !
Quant au commissaire, il représente l’autorité de notre beau pays et la justice. Il est fin limier, fin psychologue, il flaire les arnaques et les mensonges ; on ne la lui fait pas ! En somme il est presque parfait. Il oublie juste d’être honnête !
Après un festival de règlements de compte entre truands et l’assaut de la police au milieu d’un no man’s land qui rappelle la guerre des tranchées, les cadavres jonchent le sol sur des airs de valses. C’est une comédie !
À la fin les gêneurs sont éliminés, le magot est sauf, les personnages sont miraculeusement vivants et le commissaire enlève la petite troupe dans l’hélicoptère de la gendarmerie nationale et tout ce petit monde se retrouve à mener la belle vie dans les Caraïbes ! Je n’en dis pas plus car le film se devait rester moral à cette époque.

Je n’ai pas vu le film depuis longtemps alors j’ai peut-être fait une erreur ou deux.
Peu m’importe, à quelques détails prêts, cette farce sanglante à la Tarantino m’apparaît désormais comme une allégorie assez représentative de notre système.
Des voleurs, des putes (hommes ou femmes), une justice corrompue qui ne dort pas et un système d’évasion bien huilé qui permet de se la couler douce une fois rangé des voitures.

Vous croyez vraiment que Fillon ou Le Pen rendront l’argent un jour ? Pour ne citer qu’eux. Avez-vous fait l’inventaire des putes, des traitres et des voleurs en politique ?
Sur le pavé (soit que nous y manifestions, soit que nous y soyons au figuré !), on retrouve les gens honnêtes, les naïfs, les pauvres, les généreux… les moutons aussi qui continuent de considérer que la politique est un métier, alors que cela ne devrait pas, et qui ne jurent que par le système qui les plume.
Aux premiers, on dit « vous êtes riches de vous-mêmes, le royaume des cieux vous appartient, votre honnêteté vous honore… ». Aux seconds, « Merci, merci du fond de notre QG chers militants et sympatisants, donnez et votez pour nous ! »

En 1970 je commençais ma vie d’adolescente et je découvrais juste la politique avec beaucoup d’intérêt.
Que rien n’ait changé depuis m’afflige profondément et que je n’ai pu rien y faire encore plus. La pute m’a embobinée plusieurs fois, m’a tout volé. Nul hélicoptère pour m’enlever, nul parachute doré pour me déposer dans un paradis terrestre tous frais payés !
Retraite modeste, des taxes lourdes sur ma maison que je n’ai plus les moyens d’entretenir, une vieille voiture de 1999 et des frais de santé non remboursés de plus en plus élevés qui augmentent avec les problèmes liés à l’âge.
Mais il y a pire, alors je ne me plains pas par respect pour toutes ces personnes qui survivent en dessous d’un niveau décent.
« Laisse aller… c’est une valse ! »

La prochaine fois, on parlera du film « Jean-Vincent, François, Emmanuel… et les autres « . (Je ne me souviens plus du titre exact 😉)

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