Les urgences en état d’urgence !

J’écrirais presque au président Macron si ça servait à quelque chose !
J’ai même eu envie de porter plainte tellement j’étais en colère.

Mais porter plainte contre qui ?
L’interne borné qui vous fait massacrer les bras quand il a une belle chambre implantable sous le nez ?
L’infirmier tête de con qui a volontairement fermé la vanne de ma perf ?
Le service entier qui laisse des gens sans défenses immunitaires au milieu des crevards pendant cinq ou six heures puis qui vous met un masque pour vous protéger des microbes ?
Ou les salopards qui flinguent notre système de santé et détruisent le moral du personnel soignant ?

On est bien d’accord, rien ne vaut le vécu. Et là je suis gâtée pourrie ! Les chimio m’ayant bien anéantie, je connais maintenant les joies des effets collatéraux des effets secondaires qui vous conduisent tout droit aux urgences car, bien sûr, les problèmes surgissent à la veille d’un grand week-end, tant qu’à faire !
Après la première chimio, j’ai atterri 2 fois aux urgences. Et je jure que, moi consciente, je n’y retournerai plus jamais.
La première fois j’avais un taux de potassium trop bas. J’ai passé une nuit entière sur un brancard (il faut imaginer l’état dans lequel on arrive et l’inconfort !). J’y ai passé vingt-quatre heures en tout et pour rien ! En France, aux urgences on refuse d’utiliser les chambres implantables et on pique et perfuse à gogo même ceux qui n’ont pas de veine(s) à tous les sens du terme. Il faut savoir que les chimio détruisent les veines. Toutes prises de sang ou perf peuvent être un calvaire. Donc ajouter à cela la très mauvaise volonté de l’infirmier tête de con égale vingt-quatre heures de perdues à souffrir le martyr dans un environnement plutôt hostile et malheureusement rempli de microbes ! Par malveillance, car je lui avais résisté, l’infirmier de nuit avait fermé la vanne de la perfusion de potassium. C’est l’infirmière en cardiologie où je passais un examen qui s’en est rendue compte le lendemain. Au bout de vingt-quatre heures, on me transfère dans une clinique où on utilise la chambre et là, tout rentre dans l’ordre ! Étonnant non ?
J’ai oublié de dire qu’on ne vous donne rien à manger non plus. (Ils préfèrent garder les malades à jeun pour les prises de sang)
Bref soyez prévoyants. Ne partez pas dans l’urgence aux urgences ! Prenez le minimum vital, un bon livre, des boissons, des trucs à manger, le chargeur du portable… Pas de précipitation, aux urgences vous attendrez assez longtemps pour avoir le temps de regretter d’être parti trop vite !
Deuxième épisode aux urgences, alerte à la fièvre une veille de Pentecôte plus anémie, la totale ! Je suis au fond du fond du seau. La mucite fait rage, je ne peux rien avaler de solide et je ne dors plus depuis douze jours. J’ai perdu 6 kg moi qui n’en ai pas de reste. J’attends six heures au milieu des crevards. Je subis deux prises de sang douloureuses (mes veines coulent au goutte à goutte). Une ne leur a pas suffi. Il leur manquait mon groupe sanguin. Pourtant ils ont mon dossier puisque j’ai été opérée quatre ans plus tôt dans ce même hôpital !!! « Ah oui mais c’est plus valable, il faut une détermination récente. » Mais j’hallucine ! « C’est votre grand kiff de piquer les gens jusqu’à l’éclatement des veines ? » Y’a qu’à regarder les bras tout bleus des morts vivants sur les brancards autour de moi !
Ils veulent me transfuser mais ne sont pas autorisés à utiliser la chambre. Je refuse obstinément.
Plus tard on me transfère dans la zone « séjours de courtes durées » située sur le territoire des urgences. On me met un masque sur le nez pour m’éviter le pire parce que je suis anémiée. C’est une grosse blague ! Dis-je. Je pointe du doigt l’absurdité de la situation après six heures à brancarder au milieu des microbes. C’est en arrivant qu’il faut mettre le masque à tout le monde, non ? Je l’enlève. Je me fais gronder. Puis plus personne ne m’approche sans le masque !
Vers minuit l’interne masqué vient me prendre par les sentiments pour me persuader de poser une perf afin de me transfuser. Je lui explique que c’est peine perdue. Il insiste, me dit que l’infirmière va me mettre un patch et que tout va bien se passer. Je me fais avoir ! Évidemment ma faiblesse et ma lassitude me desservent.
Une heure et une veine éclatée plus tard, on m’a massacré les deux bras sans succès, l’interne revient et me dit : « Comme vous l’aviez prédit, on n’a pas pu poser la perf ». Ah bon ?!!! « On verra demain ». L’infirmière de nuit est super, on refait le monde des urgences ensemble. Y’a du boulot !
On parle des problèmes et de la dégradation des soins, de l’absurdité de certaines règles, du gaspillage, de la saturation d’un service qui n’a pas pour vocation de soigner les gastro ou les petits bobos. Pourtant ils sont venus, ils sont tous là ! On dirait qu’ils aiment attendre des heures pour un mal au ventre ou un rhume des foins. Les médecins, eux, sont aux abonnés absents pour le week-end et parfois de façon permanente, là où le bon vieux médecin de famille a pris sa retraite sans personne pour le remplacer. Le lendemain matin, l’interne de jour me dit : « les globules rouges sont stables, vous transfuser ne sert à rien, vous pouvez rentrer chez vous, vous verrez ça avec l’oncologue mardi. »

Je suis complètement naze mais je rentre chez moi. Alléluia !

Je ne blâme pas le personnel soignant, il fait ce qu’il peut, le pauvre, et souvent avec le sourire. Je blâme les acteurs de cette tragédie. Ceux qui détruisent un peu plus chaque jour notre service hospitalier quand nous devrions en faire une priorité absolue. Oui, il devient urgent de faire quelque chose !
Et par pitié, autorisez-les à utiliser les chambres implantables car ceux qui en ont une sont souvent les pauvres bougres en chimio qui n’ont pas de veine !!!

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