L’état (d’urgence) de la France, édition 2020.

En France, vingt ans après l’an 2000, les angoisses de la fin du mois côtoient désormais la peur de la fin du monde. Sur la planète, deux tiers des populations d’animaux sauvages ont disparu en moins d’un demi-siècle (1). Les oiseaux et les abeilles, comme les insectes en général, connaissent un déclin catastrophique, notamment en raison de nos pratiques agricoles modernes. Les forêts, quand elles ne brûlent pas, meurent à un rythme effréné. La pollution n’épargne ni l’air, ni les sols, ni l’eau (2). Au rythme actuel, il y aura dans trente ans davantage de plastique que de poissons dans les océans (3). Si les écosystèmes subissent une telle pression, c’est au nom d’une prospérité économique dont la répartition semble toujours plus injuste. Alors que les plus hauts patrimoines ne cessent de croître partout dans le monde (4), même des pays parmi les plus riches connaissent de graves difficultés. Dans les grands médias, la France est régulièrement présentée comme un pays vivant au-dessus de ses moyens, surendetté et ne disposant d’aucune marge de manœuvre. L’État serait même obligé de réduire les dépenses publiques, au détriment de son fonctionnement, s’il veut financer une transition écologique. Qu’en est-il en réalité ? On fait le point.

Le budget de l’État comme base de réflexion ?

À l’heure d’un économisme total, plus personne ne peut se permettre d’ignorer ce que gagne et ce que dépense la France. Il faut faire donc un petit effort et jeter un œil aux finances du pays. Dans son budget général adopté pour 2020, les recettes prévues s’élèvent à 306 milliards d’euros, contre 399 milliards de dépenses (5). Le déficit public de 93 milliards d’euros engendré par ce déséquilibre, sans compter le coût de la pandémie de Covid-19, viendra s’ajouter à la dette de l’État. Les principales rentrées fiscales sont la TVA (126 milliards), l’impôt sur le revenu (75 milliards) et l’impôt sur les sociétés (48 milliards). Parmi les dépenses, environ 53 milliards d’euros sont consacrés à l’enseignement scolaire, 37 à la défense ou encore 28 à la recherche et à l’enseignement supérieur. Concernant le budget de la Sécurité sociale, alimenté par les cotisations, il s’élève en 2020 à environ 520 milliards d’euros, en léger déficit de 5 milliards (6). La somme consacrée aux établissements de santé français y est de 84 milliards d’euros.

Quelle est la cause des difficultés financières récurrentes de l’État ?

L’évasion et l’optimisation fiscale agressive des multinationales ainsi que la fraude de riches particuliers représentent un manque à gagner global estimé à au moins 100 milliards d’euros chaque année (7), une somme supérieure au déficit public initialement prévu en 2020. 100 milliards d’euros par an, soit 274 millions d’euros par jour, c’est 40 à 80 fois le montant des fraudes cumulées à la Sécurité sociale, aux prestations familiales et à Pôle Emploi, estimées entre 1,2 et 2,4 milliards d’euros (8). 100 milliards d’euros par an, c’est aussi un préjudice moyen de 221 euros par mois pour chacun des 37,7 millions de foyers fiscaux français. Un chiffre à peine concevable, d’autant plus qu’il ne s’agit que d’une fourchette basse. En effet, le montant réel de l’évasion fiscale pourrait largement dépasser les 200 milliards d’euros par an (9). À eux seuls, les 3520 ménages français les plus riches cacheraient pas moins de 140 milliards d’euros dans des paradis fiscaux (10), soit 18 fois le budget annuel de la Justice (7,6 milliards en 2020). Et même s’il ne s’agit que d’estimations, force est de constater que les ordres de grandeurs ne sont pas comparables. Que pèse un déséquilibre de 5 milliards d’euros dans les comptes de la Sécurité sociale en 2020 face à des centaines de milliards qui s’évaporent ?

Quelles sont les conséquences sur la dette publique ?

Elle ne cesse de croître, alimentée par des déficits publics successifs qui tutoient désormais les 100 milliards d’euros chaque année. Ainsi, fin 2019, la dette publique atteignait environ 2 430 milliards d’euros (11). En 2020, les seuls intérêts de cette dette vont coûter presque 40 milliards d’euros, trois fois plus que le budget consacré à l’écologie et au développement durable. Néanmoins, on ne peut pas parler d’État en faillite. Le patrimoine total des administrations publiques et des ménages français dépasse les 12 000 milliards d’euros, soit presque cinq fois le montant de la dette publique (12). Cette dette, qui est avant tout un moyen de pression utilisé auprès du grand public par des politiciens au service de grandes puissances d’argent désireuses de mettre la main sur certains services publics, est donc essentiellement illégitime. Elle n’est pas celle des Français qui se partagent les miettes.

N’est-il donc pas pertinent de vouloir baisser les dépenses publiques ?

Non. Une baisse des dépenses publiques se traduit par des écoles qui ferment, des tribunaux surchargés, des infrastructures moins bien entretenues ou la disparition des services publics dans des territoires ruraux délaissés au profit de grandes métropoles gentrifiées. Sans oublier que, pendant qu’est agitée la retraite du cheminot, l’État supprime des lits dans les hôpitaux. Ainsi, des personnes malades ou en situation de handicap, des retraités, des chômeurs, des étudiants ou des agriculteurs se retrouvent livrés à eux-mêmes. Les conditions de travail se dégradent dans les secteurs essentiels au fonctionnement de la société. Une pression toujours plus forte est exercée sur des militaires ou des policiers détournés de leurs vrais métiers. S’il est indéniable que la lutte contre le gaspillage pourrait permettre d’économiser quelques millions d’euros dans certaines administrations, force est de constater que c’est surtout du côté des recettes qu’il y a un grave problème. En réalité, il faudrait lutter pour que tout le monde paie ses impôts, y compris les multinationales et les plus fortunés. Si ces 100 milliards d’euros d’évasion fiscale venaient remplir les caisses de l’État, le budget serait à l’équilibre. Il n’y aurait donc ni déficit, ni augmentation de l’endettement national. Et ce n’est pas tout. En réformant l’impôt pour plus de justice, en supprimant les niches fiscales injustes ou inefficaces, en taxant les transactions financières ou en cessant de subventionner les énergies fossiles, 100 autres milliards pourraient être ajoutés chaque année aux recettes de l’État (7).

La France n’est-elle pas un enfer fiscal ?

Cet argument ne tient pas une seule seconde, et encore moins lorsqu’il est brandi par un exilé fiscal. Cause et conséquence sont inversées. C’est justement parce que 100 milliards d’euros, au moins, échappent chaque année à l’État que la pression fiscale est forte pour celles et ceux qui contribuent au fonctionnement de la société. Dans un centre-ville, on peut voir une multinationale évadée fiscale à côté d’un petit commerçant qui paie son impôt sur les bénéfices. Même la concurrence, pourtant si chère aux « libéraux », est totalement faussée. Or, si les multinationales et les ménages les mieux dotés payaient leur part, comme tout le monde, l’effort serait mieux partagé. Le taux d’imposition moyen pourrait alors mécaniquement être diminué, et la France ne pourrait donc plus être qualifiée d’enfer fiscal par ceux qui en sont les principaux responsables. Quant à ceux qui disent que plus de la moitié de la population ne paie pas d’impôts sur les revenus (13), ils oublient un peu vite que ces gens-là ne sont pas exonérés de TVA. En réalité, les ménages les plus pauvres paient, en proportion de leurs revenus, davantage d’impôts que les plus fortunés.

Cela n’entraînerait-il pas des destructions d’emplois dans les grands groupes et une hausse du chômage ?

Il s’agit d’un chantage auquel il ne faut absolument pas céder, car l’évasion fiscale est justement la première cause du chômage de masse. Lorsqu’une multinationale évadée fiscalement crée un emploi, elle en détruit plusieurs autres dans le petit commerce ou l’artisanat, entre autres exemples (14). Il vaut donc mieux se demander combien d’emplois n’existent plus dans les services publics ou n’existent pas dans les plus petites entreprises qui croulent sous une pression fiscale injuste. Rappelons que plus de 70 % de l’emploi dans le secteur privé en France, pays qui compte plus de 5 millions de demandeurs d’emploi (15) pour seulement 200 000 à 330 000 postes non pourvus (16), est concentré dans ces plus petites entreprises (17). Forcément, sans évasion fiscale, et donc avec une baisse des taux d’imposition, de l’emploi y serait massivement crée. Le commerce en circuits courts exploserait. Des initiatives locales moins gourmandes énergétiquement se développeraient partout sur le territoire et constitueraient des alternatives responsables aux produits fabriqués à l’autre bout du monde puis importés. Il ne faut pas non plus oublier l’utilité du chômage pour les grandes puissances d’argent. Un taux élevé de demandeurs d’emploi permet de tirer les rémunérations et les conditions de travail vers le bas grâce à la mise en concurrence des travailleurs. Ainsi, dans des pays qui ont déjà subi les réformes ultra-libérales, comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, le chômage a certes baissé, mais le nombre de travailleurs pauvres a explosé (18). En réalité, le meilleur moyen de lutter contre la plupart des injustices, la précarité et la pollution, c’est de faire la guerre aux évadés fiscaux.

Et si certaines entreprises partent plutôt que de payer leurs impôts ?

On parle d’impôts sur les bénéfices, cela veut donc dire qu’il y a des bénéfices. S’imaginer que les grands groupes vont abandonner des profits potentiels sur un marché aussi important que celui de la France simplement parce qu’il y en aurait un peu moins, c’est une malhonnêteté intellectuelle. Mais nous ne sommes pas obligés de retenir tout le monde, car il ne s’agit pas que de grandes firmes qui plombent notre budget, détruisent notre économie et nos services publics. Il s’agit également de groupes aux pratiques souvent parfaitement indéfendables (19) qui, pour éviter d’avoir à se confronter à la justice, incitent les États à programmer leur propre impuissance en signant des traités instaurant des tribunaux privés (20) ou des directives protégeant le secret des affaires (21). Si certaines multinationales décidaient de réduire la voilure, elles libéreraient alors des locaux dans des endroits stratégiques pour des activités plus utiles à la société (22).

Pourquoi la lutte contre l’évasion fiscale n’est-elle pas une priorité ?

Car il n’y a jamais eu de réelle volonté politique. Les apparatchiks des deux grands partis de droite et de gauche, qui avaient l’habitude de se partager le pouvoir, sont sous l’emprise des grandes puissances d’argent. Les échanges de bons procédés, les financements de campagnes électorales, le lobbying ou le pantouflage faussent le jeu démocratique. Agiter le parti d’extrême-droite tel un chiffon rouge, afin de provoquer un ‘’sursaut démocratique’’ et d’assurer la victoire de la ‘’droite républicaine’’ ou du parti qui se prétend socialiste, dispensa même ces derniers de bâtir des programmes cohérents. Puis, lorsque les milieux d’affaires comprirent, sous le mandat de François Hollande, que jouer avec le feu ne suffirait plus, l’idée de fabriquer un nouveau candidat comme un produit soumis à un cahier des charges s’est imposée. Il devait être jeune, dynamique, issu de la société civile, ni de droite, ni de gauche, etc. L’élection d’un ancien banquier d’affaires capable de promettre tout et son contraire au sommet de l’État peut ainsi apparaître comme une suite logique, de même que la montée en puissance d’un parti écologiste favorable à l’économie de marché. Aujourd’hui, plus que jamais, de l’Élysée (23) au Parlement, en passant par Matignon et les différents ministères, on ne compte plus celles et ceux qui sont liés aux grandes multinationales. Ces gens-là n’ont aucun intérêt à voir l’évasion fiscale faire son entrée dans le débat public. L’ampleur du pillage et ses conséquences doivent être en permanence masqués par de grands discours creux ou le déclenchement de polémiques inutiles, car les révolutions commencent souvent par des révoltes fiscales.

Peut-on lutter contre l’évasion fiscale sans changer la loi ?

Si tout le monde réalisait vraiment l’ampleur du phénomène, on pourrait lutter contre les multinationales et l’évasion fiscale sans même attendre que les élus votent des lois. Chaque personne dotée du strict minimum de bon sens se dirait alors : « Aussi longtemps que je devrai payer plus d’impôts et de taxes pour compenser ce qu’ils refusent de payer, je ne consommerai plus leurs produits ». Frapper ces multinationales au portefeuille serait une stratégie extrêmement efficace. Une baisse sensible du chiffre d’affaires des grands groupes entraînerait l’impossibilité de verser des dividendes aux actionnaires, obligeant ces derniers à réagir très vite. Soit ils paient, soit ils partent. Le boycott, arme fatale dans une société de consommation (24), c’est se gouverner soi-même plutôt que d’accepter de se soumettre à un pouvoir arbitraire. Mais il doit s’inscrire dans une stratégie globale, une mobilisation générale à l’échelle locale. Ce sont les habitants des villes, fédérés autour des idées du communalisme libertaire, et non les élus, qui parviendront à créer des coopératives, à réduire le gaspillage ou à municipaliser la gestion des biens communs. Et le pouvoir actuel le sait. Lorsqu’il supprime la taxe d’habitation, il assoit l’emprise de l’État central sur des communes qui ne peuvent plus lever leurs propres impôts.

Les grands médias ne font-ils pas bien leur travail sur l’évasion fiscale ?

On ne peut même pas dire qu’ils le font mal, car en réalité ils ne le font pas du tout. Le fait que la quasi-totalité des grands médias français soient détenus par une poignée d’industriels (25) qui pratiquent l’évasion fiscale est un grave problème. Tout d’abord, il ne faut pas sous-estimer le nombre de personnes présentées comme cultivées ou expertes et qui ignorent les deux chiffres fondamentaux du déficit public et de l’évasion fiscale. Ensuite, pour celles qui n’ignorent rien de ce fléau et qui travaillent dans des médias détenus par des champions de l’évasion fiscale, on peut imaginer que la situation doit parfois être compliquée. Un journaliste grand public sait pertinemment qu’il mettrait sa carrière en danger s’il faisait de ce sujet son cheval de bataille. Il y a également les risques de procédures-bâillons (26), quand ce n’est pas pire. À cela, il faut ajouter les pressions qu’une rédaction peut subir de la part de sa régie publicitaire. Les grands médias, souvent déficitaires, vivent de la publicité. Dire du mal d’une entreprise qui débourse des millions d’euros chaque année dans ce secteur est donc très risqué (27). Il faut bien comprendre que si des industriels milliardaires ou des banques acceptent de perdre de l’argent dans des médias qui ne sont pas rentables, c’est qu’ils y gagnent autre chose.

Y a-t-il de la malhonnêteté chez certains journalistes ?

Quiconque n’aborde jamais le sujet de l’évasion fiscale doit être considéré comme faisant partie du problème. Il est indéniable que quelques journalistes grand public ou ‘’éditocrates’’ vedettes sont tout à fait malhonnêtes. Ces derniers font beaucoup de mal à la profession et ne font clairement pas le même métier que les journalistes qui prennent encore des risques pour révéler des scandales. Ils se moquent de la vérité. On peut les entendre dire qu’en s’attaquant timidement aux GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), le gouvernement lutterait contre l’évasion fiscale. Or, les géants du fast-food, de l’habillement, de l’ameublement ou les banques ne sont pas des GAFAM, et ne sont donc pas concernés par ces mesurettes. Sur les plateaux de télévision, ils peuvent également disserter pendant des heures lorsqu’une vitre est brisée pendant une manifestation, mais ne parlent jamais de l’ampleur de la casse sociale, de l’état des hôpitaux ou de la destruction de la planète par les multinationales, ni des plus graves scandales de corruption, de « UraMin » à « Ausra », en passant par l’affaire « Karachi » et tant d’autres (28). Dépourvus d’arguments, ces ‘’éditocrates’’ utilisent quelques mots-clés pour tenter de décrédibiliser quiconque ne pense pas comme eux. Critiquer l’accumulation de richesses, c’est être « jaloux » ou « dogmatique ». Dire que les élus ne représentent plus le peuple aujourd’hui, c’est du « populisme ». Affirmer que la baisse des dépenses publiques n’est pas la seule option, c’est de la « démagogie ». Émettre l’hypothèse que la société pourrait mieux fonctionner, c’est de « l’utopie ». Ils n’ont pas compris qu’aujourd’hui, les utopistes sont ceux qui pensent qu’ils vont pouvoir continuer à s’enrichir en semant la misère et le chaos sans que les peuples ne se révoltent.

Comment ces « éditocrates » imposent-ils le dogme néo-libéral ?

En martelant cette idée folle, comble de la bêtise, qu’une croissance infinie de l’économie est possible sur une planète aux ressources limitées. Si la croissance est présentée comme le Graal, c’est parce qu’elle permet le remboursement des crédits sur lesquels elle est assise et fait exploser les rémunérations des actionnaires et de dirigeants devenus surpuissants. Elle ne constitue pourtant pas une obligation vitale pour la société. Aujourd’hui, alors que la moitié de la nourriture produite dans le monde serait gaspillée (29), il ne faut pas produire toujours plus, il faut répartir mieux (30). On peut aussi entendre ces mêmes ‘’éditocrates’’, dans un exercice de grand écart intellectuel stupéfiant, prôner le capitalisme pour les pauvres et le socialisme pour les riches. Dès qu’une crise pointe le bout de son nez, alors qu’ils passent l’essentiel de leur temps à fustiger « l’assistanat » ou l’intervention de l’État dans les affaires économiques, ils appellent ce même État à la rescousse en réclamant de l’argent public pour des banques ou des grandes entreprises devenues « too big to fail », trop grosses pour qu’on puisse les laisser faire faillite. Il ne faut pas s’y tromper, le néo-libéralisme est un extrémisme en train d’étendre son emprise. Le pouvoir profite de la peur ou de l’effet de sidération inhérents aux crises pour imposer des lois que personne n’accepterait en temps normal.

Faut-il aller vers la décroissance ?

La décroissance ne se décrète pas. Elle serait simplement la conséquence d’une société qui cesserait de voir la croissance de son PIB (le produit intérieur brut est la somme des richesses produites en une année) comme son seul objectif. Imaginons par exemple que chaque ville, plutôt que d’effectuer des appels d’offres auprès de grands groupes privés mondialisés, puisse librement nouer des relations avec des agriculteurs locaux afin d’approvisionner les cantines d’écoles et les administrations publiques. Le local, c’est moins de transports, donc moins de camions sur les routes, moins d’essence brûlée, moins de pétrole importé, moins d’ingérences dans certains pays étrangers et moins de conflits. Bien entendu, il y aurait moins de pollution, donc moins de gens malades et moins de médicaments vendus. Une moindre consommation d’électricité contribuerait également à nous rendre moins dépendants de l’énergie nucléaire. Ainsi, la simple généralisation d’une mesure de bon sens comme celle-ci aurait très certainement un impact négatif sur la croissance de l’économie, mais serait pourtant profitable à la population. Pour autant, décroître à l’infini n’est pas possible non plus. C’est la raison pour laquelle le terme de sobriété est plus adapté que celui de décroissance.

Faudrait-il alors aussi partager le temps de travail ?

C’est inéluctable. Une société qui a produit l’ensemble des biens et services nécessaires à son bon fonctionnement s’arrête de travailler si elle est libre. Dans le cas contraire, si elle continue de produire, dans le seul but d’enrichir des actionnaires, au détriment de l’intérêt général, de la santé publique et de l’environnement, c’est qu’elle est l’esclave de quelques maîtres. Sans le fonctionnement actuel du système monétaire, la quête effrénée de profits, la partialité des instances de contrôle, les effets de mode, l’obsolescence programmée ou le gaspillage massif inhérent à la société de consommation, une moindre quantité de travail suffirait à loger, nourrir, éduquer et soigner tout le monde. Avec une répartition plus juste des richesses, le temps de travail pourrait donc être diminué et mieux réparti, laissant à chacun plus de temps libre pour vivre sa vie. L’autogestion des entreprises et le salaire à vie (31) pourraient accompagner cette transition. Il faut garder à l’esprit que c’est parce qu’on travaille moins qu’on vit plus longtemps.

Les multinationales sont-elles le plus grand fléau des temps modernes ?

Ces firmes sont le bras armé d’un capitalisme sauvage. Dans l’espoir de transformer toujours plus de citoyens en simples consommateurs, elles nous inondent de publicités (32). Les grandes marques dictent aujourd’hui nos envies comme nos comportements. Notre libre arbitre est mis à mal. Désirer des vêtements ou des chaussures fabriqués par des enfants, ce n’est pas normal. Rêver d’avoir une grosse voiture pour parader ou de pouvoir prendre l’avion plusieurs fois par an, ce n’est pas normal non plus. Banaliser la consommation de viande, et encore plus lorsqu’elle est issue d’élevages industriels dans lesquels les animaux vivent et meurent dans des conditions insupportables, c’est insensé. Pourtant, ce mode de vie si nuisible, qui nous mène droit vers des bouleversements que nos cerveaux ont du mal à intégrer, est encore et toujours présenté comme moderne et, surtout, comme le seul possible. Des sommes astronomiques sont également dépensées dans le divertissement, parce qu’une personne divertie du matin au soir ne réfléchit plus. Elle suit le mouvement, les yeux rivés sur un écran. Dans une démocratie, une population correctement informée, consciente de ses propres biais mentaux, ne se laisserait jamais influencer dans de telles proportions.

Le Président de la République n’est-il pas démocratiquement élu ?

Non. La notion de « démocratie représentative » est une tromperie. Emmanuel Macron a conquis le pouvoir en 2017 avec les suffrages de seulement 18,2 % des inscrits au premier tour de l’élection présidentielle (33). Au second tour, seulement 18 % de ses électeurs ont voté pour lui par adhésion à son projet, soit moins de 8 % des inscrits (34). Quant à ses troupes, elles ont obtenu la majorité des sièges à l’Assemblée nationale grâce aux voix de seulement 13 % des inscrits au premier tour des élections législatives (35). Le pouvoir dont disposent ces gens ne repose sur aucune légitimité démocratique. La démocratie, c’est le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. Donc, dans une démocratie, quand les gens votent, c’est pour choisir la loi, pas pour choisir qui va les représenter. Quand on vote pour choisir ses représentants, le régime est représentatif. Et qu’on ne fasse pas le coup de la comparaison avec les dictatures, car il s’agit d’une caricature. Un régime représentatif, ce n’est ni la démocratie, ni la dictature, c’est un régime représentatif, point. Lorsque le chef de l’État invite ses opposants mécontents à « essayer la dictature », il ne fait qu’étaler son inculture.

Pourquoi le régime représentatif est-il présenté comme une démocratie ?

Changer le sens des mots est une ficelle vieille comme le pouvoir. Lorsque tout est fait, depuis l’école puis dans les grands médias, pour nous faire croire que nous vivons dans une démocratie, on finit par y croire. On se dit alors que le pouvoir est légitime. D’ailleurs, on aurait le choix entre ça ou la dictature. Or, quand on sait qu’on vit dans un régime représentatif, on sait alors aussi qu’on ne vit pas en démocratie. On peut donc se demander à quoi pourrait bien ressembler un régime démocratique. Et on réalise alors qu’une alternative positive est possible. Et comme un pouvoir ne tient bien souvent que parce que suffisamment de monde admet sa légitimité, son pire cauchemar est que plus personne n’y croit. Car il devrait alors soit laisser sa place, soit dévoiler son côté autoritaire et violent, comme c’est le cas aujourd’hui en France (36), un pays incapable de fournir des masques en quantités suffisantes à son personnel soignant mais qui dispose de stocks stratégiques de gaz lacrymogène. Un régime représentatif exige une exemplarité de tous les instants de la part des élus. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Un politicien irresponsable dans sa vie privée s’expose à des tentatives de chantage qui pourraient nuire à son action politique. La transparence totale étant un objectif inatteignable dans un régime représentatif, c’est donc le système politique qui doit changer.

Le langage est-il utilisé comme une arme par le pouvoir ?

Bien entendu. Au cours des dernières décennies, c’est tout un pan du vocabulaire courant qui s’est transformé (37, 38). Dans la bouche des politiciens ou des ‘’éditocrates’’, les « gardiens de la paix » sont devenus des « forces de l’ordre », les « cotisations sociales » sont désormais des « charges », un « plan de licenciement » est qualifié de « plan pour la sauvegarde de l’emploi », la « vidéo-surveillance » s’est muée en « vidéo-protection », le mot « anarchie » est constamment employé à tort en lieu et place du mot « anomie » pour désigner le chaos ou le désordre social, etc. Les exemples sont innombrables et rappellent bien entendu la novlangue décrite par Georges Orwell dans son roman « 1984 ». On attribue également les mêmes qualificatifs à des personnes que tout oppose, comme le mot « extrémiste ». Ainsi, une personne qui milite contre la toute puissance des banques et des multinationales, la souffrance animale ou la destruction de l’environnement est considérée comme faisant partie des « extrêmes », au même titre qu’une personne qui voudrait qu’on laisse mourir en mer des êtres humains qui fuient la misère ou la guerre. On en arrive même à qualifier de « républicains », terme qui provient du latin res publica, la « chose publique », des personnages dont la seule obsession est de tout privatiser. Ces mêmes personnes pour lesquelles « être exploité » est devenu « être compétitif » et qui utilisent le terme de « prise d’otages » en parlant du droit de grève.

La situation peut-elle déraper ?

Sans basculement vers un pouvoir démocratique, cela semble malheureusement possible. Le pouvoir représentatif permet aux plus riches de contrôler le pouvoir politique. Or, si les élus représentent les intérêts de ceux qui les ont fait élire, ils ne représentent donc pas l’intérêt général. Cela crée inéluctablement des tensions au sein de la population lésée. Le pouvoir tente alors de diviser pour mieux régner. Il se démène pour que les salariés du privé, les fonctionnaires et les demandeurs d’emplois, pourtant tous dans le même bateau, se battent entre eux. Cela implique également l’invention de boucs-émissaires, comme les personnes issues de l’immigration, créant ainsi un terreau fertile dans lequel peuvent proliférer les idées d’extrême-droite. Le communautarisme religieux, désormais appelé séparatisme par certains, en masque pourtant un autre, le communautarisme de classe. Les dominants, qui ne paient pas leur juste part d’impôts, n’envoient pas leurs enfants à l’école publique, se font soigner dans des cliniques privées ou n’utilisent pas les transports en commun, peuvent également être qualifiés de séparatistes.

Faut-il sortir de l’Union européenne ?

Si l’Union européenne constitue bien aujourd’hui une structure qui protège les multinationales et permet l’évasion fiscale, la solution miracle qui consisterait à en sortir pour tout régler est une vue de l’esprit. Si le système représentatif interne à la France ne change pas, les grands groupes et les particuliers les plus fortunés trouveraient facilement et rapidement d’autres moyens d’échapper à l’impôt, quand bien même la France ne ferait plus partie de l’Union européenne. Une transformation concrète de la société implique une refonte de toutes les institutions. Un jour, l’Europe disposera peut-être d’une Constitution qui garantira l’autonomie fiscale, de larges compétences, le tirage au sort des assemblées ou le mandat impératif à des communes et des régions qui seront devenues le cœur des infrastructures politiques. Mais il est impossible d’affirmer d’où viendra le changement. D’un grand pays européen qui servira d’exemple en portant au pouvoir par les urnes une force nouvelle chargée de convoquer d’une assemblée constituante ? D’une reprise en main progressive de communes par des citoyens entrés en résistance ? D’une nouvelle crise financière, vaste purge dont les prédateurs sortent toujours renforcés, qui pourrait être celle de trop ? Quoi qu’il en soit, tout doit être mis en œuvre pour que l’ouverture aux autres l’emporte sur le repli sur soi. En piratant le système de l’intérieur, en se levant avec les autres peuples européens plutôt que face à eux, il sera peut-être possible d’éviter que le pire se produise à nouveau.

Si on arrête de se diviser, c’est gagné ?

Non. Et les exemples qui le prouvent sont innombrables. Quand bien même une majorité de la population serait fédérée vers des objectifs communs, à savoir abolir le régime représentatif, démanteler les multinationales ou libérer la presse du joug des financiers, ainsi que sur les moyens concrets d’y parvenir, la situation pourrait rester tendue un bon moment. On ne compte plus les fois où ceux qui voulaient s’accrocher au pouvoir ou à leurs privilèges de classe à tout prix se sont volontairement accoquinés avec des fascistes pour anéantir une vague démocratique. Même en Europe, s’imaginer qu’un tel scénario est impossible serait une grave erreur. On ne se sait jamais où tombera la première goutte qui débordera du vase. Alors même si l’union fait la force, il faudra donc rester éternellement vigilant et n’accepter aucune concession. Laisser la « main invisible du marché » décider de tout mène à ce que nous voyons aujourd’hui. Les métiers essentiels au fonctionnement du pays sont les plus mal payés. Or, une société dans laquelle un bon joueur de football ou un artiste grand public médiocre peut gagner bien davantage qu’une infirmière, un enseignant, un agriculteur ou un éboueur n’a rien de normal. Voir des lanceurs d’alertes ou des journalistes d’investigation sur le banc des accusés pendant que des banquiers sont décorés de la Légion d’Honneur laisse même à penser qu’elle est gravement malade.

Moralité ?

La situation actuelle n’a rien d’accidentelle (39). L’injustice fiscale est érigée en système, permettant aux grands groupes d’appauvrir les États. Des politiciens complices affirment qu’il faut faire des économies, privant nos sociétés prétendument modernes de la résilience nécessaire face aux grandes crises qui jalonnent l’Histoire, des catastrophes naturelles aux pandémies. Ils ne planifient plus rien, sous prétexte qu’ils ne pouvaient pas savoir. Si « gouverner c’est prévoir », les dominants d’aujourd’hui ne prévoient plus rien d’autre que leurs propres profits. Les services publics sont progressivement démantelés pour atterrir dans le giron du privé, qui pourra en tirer des bénéfices considérables. Les conquêtes sociales sont attaquées dans des proportions insensées et l’instauration d’un état d’urgence permanent sert à réprimer toute contestation (40). Face à des multinationales, des médias de masse et un régime représentatif utilisés comme des armes, l’heure est à l’union de toutes les forces démocratiques. Il faut cesser de considérer la catastrophe environnementale et l’accroissement des inégalités sociales comme des enjeux distincts. Les divisions doivent laisser la place à une résistance de tous les instants. L’avènement d’une démocratie articulée autour des principes de liberté, d’égalité, de justice et de solidarité constitue désormais une urgence vitale (41). Il ne fait aucun doute que nos enfants nous réclameront un jour des comptes.

Cet article est également disponible sur :

– la page Facebook de L’huile dans les rouages : https://www.facebook.com/lhuiledanslesrouages/posts/2586242448294519

– le blog Mediapart : https://blogs.mediapart.fr/jerome-antoine/blog/170420/letat-durgence-de-la-france

À lire également :

« 50 pages à suivre absolument pour mieux s’informer sur Facebook » : https://www.facebook.com/lhuiledanslesrouages/posts/2223869374531830

Sources :

(1) « La Terre a perdu 60 % de ses populations d’animaux sauvages depuis 1970 », sur FranceInfo : https://www.francetvinfo.fr/animaux/la-terre-a-perdu-60-de-ses-populations-danimaux-sauvages-depuis-1970_3009153.html

(2) « Atlas de la France toxique », par l’association Robin des bois : http://www.robindesbois.org/atlas-de-la-france-toxique-2/

(3) « Plus de plastique que de poissons dans les océans d’ici 2050 », sur Mr Mondialisation : https://mrmondialisation.org/plus-de-plastique-que-de-poissons-dans-les-oceans-dici-2050/

(4) Davos 2020 : nouveau rapport d’Oxfam sur les inégalités mondiales : www.oxfamfrance.org/communiques-de-presse/davos-2020-nouveau-rapport-doxfam-sur-les-inegalites-mondiales/

(5) PLF 2020, chiffres clés (page 26) : https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/files/documents/actualites/PLF2020/Dossier_complet-plf-2020.web.pdf

(6) Budget 2020 de la Sécurité sociale (article 27) : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000039675317

(7) Enquête « Rendez l’argent », par Attac France (Officiel) : https://france.attac.org/nos-publications/notes-et-rapports/article/rendez-l-argent

(8-1) « 7,8 à 10 milliards d’euros de fraude sociale ? Récap’ » : www.ifrap.org/budget-et-fiscalite/78-10-milliards-deuros-de-fraude-sociale-recap

(8-2) « Fraudes aux allocations chômage : le vrai du faux » : http://www.pole-emploi.org/accueil/actualites/infographies/fraudes-aux-allocations-chomage.html

(9) « Fraude et évasion fiscale en France : 200 milliards par an ? », sur le blog d’Alternatives Économiques : https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2017/06/28/fraude-et-evasion-fiscale-en-france-200-milliards-par-an

(10) « Les 3 520 ménages les plus riches de France planquent 140 milliards d’euros dans les paradis fiscaux ! », sur Marianne : https://www.marianne.net/economie/les-3-520-menages-les-plus-riches-de-france-planquent-140-milliards-d-euros-dans-les

(11) Compteur de la dette publique française : http://www.dettepublique.fr/

(12) Thomas Piketty, « Le capital au XXIe siècle ».

(13) « Est-ce vrai que plus de la moitié de la population ne paie pas d’impôt ? », sur Libération : www.liberation.fr/checknews/2018/09/06/est-ce-vrai-que-plus-de-la-moitie-de-la-population-ne-paie-pas-d-impot_1676928

(14) « Pour un emploi créé chez Amazon », le commerce de proximité perd 2,2 emplois », sur Franceinfo : www.francetvinfo.fr/economie/emploi/chomage/pour-un-emploi-cree-chez-amazon-le-commerce-de-proximite-perd-2-2-emplois-selon-une-etude-de-mounir-mahjoubi_3713449.html

(15) Demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi au 4e trimestre 2019 : https://statistiques.pole-emploi.org/stmt/publication

(16) « Le vrai du faux. Non, il n’y a pas 300 000 emplois en attente de candidats », sur Franceinfo : www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/le-vrai-du-faux-non-il-n-y-a-pas-300-000-emplois-en-attente-de-candidats_2928551.html

(17) Tableaux de l’économie française, édition 2017, par l’INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2569436?sommaire=2587886

(18) « La France va-t-elle suivre le modèle allemand et transformer ses chômeurs en travailleurs pauvres ? », sur Basta : https://www.bastamag.net/La-France-va-t-elle-suivre-le-modele-allemand-et-transformer-ses-chomeurs-en

(19) Découvrez L’observatoire des multinationales : http://multinationales.org/

(20) « Multinationales : le pouvoir hors-les-lois », par DataGueule : https://www.youtube.com/watch?v=qeMjaNxENY8&t=153s

(21) « La loi secret des affaires », par La Barbe (avec Osons Causer, Et tout le monde s’en fout…) : https://www.youtube.com/watch?v=wRCKJkjiiNg

(22) Découvrez des alternatives sur Reporterre : https://reporterre.net/Alternatives

(23) Question de Raphaël Halet, lanceur d’alerte Luxleaks, à Emmanuel Macron : https://www.youtube.com/watch?v=0CdhzREjgFA&t=3s

(24) Découvrez i-boycott.org : https://www.i-boycott.org/

(25) Médias français : qui possède quoi, par Le Monde diplomatique et Acrimed : https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA

(26) « Procédures bâillons et indépendance de la presse », sur MetaMorphosis, collectif de lanceurs d’alerte : http://meta-m.org/index.php/2018/01/24/procedures-baillons-et-independance-de-la-presse/

(27) Les 5 filtres des médias de masse, par Noam Chomsky : https://www.youtube.com/watch?v=zQJNJzLvr9E&t=5s

(28) « Les révélations d’un agent secret qui en savait beaucoup trop », sur le Média : www.youtube.com/watch?v=iLMs_EqUICs

(29) « La moitié de la nourriture produite dans le monde part directement à la poubelle », sur Franceinfo : www.francetvinfo.fr/monde/la-moitie-de-la-nourriture-produite-dans-le-monde-part-directement-a-la-poubelle_201281.html

(30) « En finir avec les inégalités extrêmes », par Oxfam : https://www.oxfam.org/fr/rapports/en-finir-avec-les-inegalites-extremes

(31) Bernard Friot, « Théorie du revenu universel », chez Thinkerview : https://www.youtube.com/watch?v=zrS-OkFTLkc

(32) Découvrez Résistance à l’Agression Publicitaire : https://antipub.org/

(33) Résultats du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 : https://www.interieur.gouv.fr/Archives/Archives-elections/Election-presidentielle-2017/Election-presidentielle-2017-resultats-globaux-du-premier-tour

(34) « Présidentielle 2017 – Second tour, décrypter le vote des Français », sur BVA : https://www.bva-group.com/sondages/presidentielle-2017-2nd-tour-decrypter-le-vote-des-francais/

(35) Résultats du premier tour des élections législatives de 2017 : https://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-resultats/Legislatives/elecresult__legislatives-2017/(path)/legislatives-2017/FE.html

(36) « Droit de manifester en France », par Amnesty International : https://www.amnesty.fr/dossiers/droit-de-manifester-en-france

(37) « Novlangue de bois et résistance », sur DataGueule : https://www.youtube.com/watch?v=bliStO5z5dY&t=249s

(38) Clément Viktorovitch : « on ne dit plus… mais on dit… » : www.youtube.com/watch?v=CekGBkPQU5k

(39) Le néolibéralisme est un fascisme, sur Le Soir : http://www.lesoir.be/archive/recup/1137303/article/debats/cartes-blanches/2016-03-01/neoliberalisme-est-un-fascisme

(40) [Gilets jaunes] « Violences policières : non, les forces de l’ordre n’ont pas seulement répondu à des agressions, comme le dit le gouvernement », sur Libération : https://www.liberation.fr/amphtml/checknews/2019/02/23/violences-policieres-non-les-forces-de-l-ordre-n-ont-pas-seulement-repondu-a-des-agressions-comme-le_1710099

(41) « Effondrement de la civilisation ? », par Pablo Servigne sur Thinkerview : https://www.youtube.com/watch?v=5xziAeW7l6w

[Photo en une : Attac]

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