Sainte Colère

Sans révolte, le monde ne changera pas. Si nous ne faisons rien, dans une génération, ce sera la fin.

Terrible évidence

La crainte d’une chute, voilà ce qui suffit à un ministre pour faire égorger des milliers d’hommes

Jules Renard

En promenant mon chien, je parle à une voisine. « On avait une réserve de 800 millions de masques FFP2. Pour économiser de l’argent, ils ont décidé de ne pas la renouveler. Au bout d’un moment, les masques sont devenus périmés. Alors qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils les ont jetés ! » Elle me regarde, atterrée.

Tremblants dans leurs costumes à dix mille balles, ceux qui tuent la civilisation disent contrôler la situation. Et jurent qu’on trouvera les coupables. Mais surtout, pas maintenant ! Chaque chose en son temps. Comme pour l’amiante. Comme pour le climat. Comme pour le sang.

Au journal télévisé, alors que les infirmières font des masques avec leurs soutiens-gorges et les médecins des blouses avec des sacs poubelles, on nous explique que rien ne manque. Que les vieux ne sont pas euthanasiés. Et surtout qu’il ne faut pas blâmer nos dirigeants, présents ou passés. Les vrais responsables, ce sont les Français. Qui sortent faire leurs courses ou, pour payer leur loyer, s’entassent dans des transports bondés. La nuit, je rêve que des avions britanniques lâchent des papiers. « BRULEZ LES CORPS ». Les rues en sont jonchées.

Faites-nous confiance

Je ne veux pas changer la règle du jeu, je veux changer de jeu

André Breton

Il n’y aura pas de « changement de monde ». Pour nous calmer, ils nous abreuveront de promesses. Un capitalisme plus généreux. Des investissements dans la santé. Mais il ne se passera rien, hormis un renforcement de la lutte contre les épidémies. Les politiques resteront alignées sur les besoins des riches. Moins d’impôt sur le capital. Moins de services publics. Moins de social. Plus de mondialisation.

Les pays occidentaux ruinés, on brandira le drapeau. Sauve la patrie, citoyen ! Sois réaliste, citoyen ! Oublie tes congés payés, ton pouvoir d’achat. Ta liberté de manifester, ta vie privée. Tout le monde doit s’y mettre ! Enfin surtout toi, le pauvre. Le paysan, le précaire, l’ouvrier. Le partage des richesses est décalé à un jour meilleur. Loin, plus tard. Quand on t’aura assez sacrifié. C’est-à-dire jamais.

Et bientôt, il y aura le climat. Qu’ils disent maîtriser, sans trop dépenser. Comme la pollution. Comme la faim. Comme la santé. Depuis cinquante ans, les scientifiques crient au désastre. On leur répond qu’on trouvera la croissance verte. Loin, plus tard. Le zéro émission, le 100 % recyclage. Si besoin, on occultera le soleil. On créera des drones pour remplacer les abeilles.

À chaque élection, déçus, vous passez de Bonnet Blanc à Blanc Bonnet. C’est votre idée de l’action. Grâce à vous, ils ont enlevés l’honneur à l’honoraire. Et la dignité aux dignitaires. Grâce à vous, ils se vautrent dans l’inacceptable. Lâchent du soin palliatif et, si contestation, des balles en plastique à l’impact millimétré, validé en commission. Jusqu’à ce qu’il fasse à Stockholm la température de Paris. À Paris, celle de Barcelone. Et à Barcelone, celle de Dakar. Et que la nature meure, d’avoir créé l’Homme.

Bientôt ou trop tard

Le peuple n’a de force que lorsqu’il est en colère

Stendhal

Il faut réaliser que les politiques, grands patrons et forces de l’ordre n’ont que le pouvoir qu’on leur donne. Ils se perpétuent en parasites, enrichis par une indulgence molle faite d’abrutissement au travail, de télévision, de crédit à la consommation. Et de brefs repos sur des plages surveillées. Comme disait Paul Valéry, « La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde ».

Pourtant, la vie est à nous. Alors réagissez ! Levez le poing, refusez ! Chérissez votre colère. Ne l’oubliez pas, quand les journaux vous demanderont de vous taire. Choisissez la démocratie directe, l’autogestion. L’assignation du génocide et de l’esclavagisme, dans un Nuremberg du néolibéralisme.

Quand la situation le permettra, sortez. Occupez les rues, les zones de pouvoir. Arrêtez de consommer, de vous faire rançonner par l’impôt. Et exigez, enfin, de prendre les décisions. Il existe d’autres modèles. N’attendez pas la fin du monde pour le réaliser. À l’école, on demande à ma fille ce qu’il faut pour arrêter le réchauffement climatique. Elle répond « Un fusil ».

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